mardi 24 octobre 2017

Marion Messina - Faux depart

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Marion Messina

Faux départ

Ed. Le Dilettante


Prenez un film porno.

Pas la vidéo youporn tournée par des amateurs avec leur smartphone mais le bon vieux boulard vintage avec le réparateur de lave-linge moustachu et la ménagère lubrique désœuvrée. Inutile de s'étendre sur le scénario, de toute manière personne n'en tient compte et il semble vite évident que le réparateur n'est pas vraiment là pour changer un joint. On met sa VHS en avance rapide jusqu'aux scènes clés et finalement, des soixante minutes que dure le film, trois suffisent pour se faire une idée et aller à l'essentiel.

Pourquoi est-ce que je vous raconte ça ? Parce que par bien des aspects, Faux départ pourrait être à la littérature ce qu'un film porno basique est à l'industrie cinématographique : un livre qui préfère tout montrer plutôt que suggérer, dont on a compris au bout de cinq minutes où son auteur voulait en venir et parce que, des deux cents pages que dure le livre, trois prises au hasard pourraient suffire pour en saisir le contenu et comprendre qu'il n'y aura jamais la moindre subtilité. La jeune fille dont ce premier roman raconte l'histoire, Aurelie, mène sa vie entre précarité professionnelle et sentimentale. Rêvant de trouver l'amour ou une situation, elle n'est finalement rien de plus que la ménagère en puissance qui attend que, à défaut d'un réparateur de lave-linge, la vie sonne à sa porte. Et pendant ce temps-là, caricaturale, elle déballe sa sinistrose, enfonce des portes ouvertes à grands coups d'idées reçues et compulse tous les poncifs les plus éculés sur la société. En toute logique, pour nous faire prendre conscience de la vie de con dans laquelle nous sommes tous emprisonnés malgré nos belles convictions adolescentes, le mieux est encore de nous assener les indignations à la petite semaine d'une ingénue née de la dernière pluie et paradoxalement déjà blasée avant l'heure. Et pour être sûr que le lecteur ne manquera rien de son propos, les mots importants sont en italique. Quant au scénario, s'il est principalement là pour la forme, il sert surtout de prétexte aux lieux communs que Marion Messina mitraille avec un sens du rythme certain - il faut lui reconnaître ça.

Et pendant ce temps-là, le lave-linge est toujours en panne. Il ne se réparera pas tout seul.

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