lundi 10 juillet 2017

Henry S. Whitehead - La mort est une araignée patiente

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Henry S. Whitehead 

La mort est une araignée patiente 

Ed. L'éveilleur 



Ni la quatrième de couverture ni la préface ne tournent autour du pot, elles font l'une et l'autre directement référence à Lovecraft. J'ai donc un peu hésité à me lancer dans ce livre, refroidi par mes expériences passées avec le père de Cthulhu - je m'y suis frotté plusieurs fois déjà et suis systématiquement resté à la porte de son univers. Mais, très attiré par ce bel objet, joliment illustré et à la mise en page intéressante, j'ai sauté le pas. Je crois que j'ai bien fait de pousser cette porte-ci, j'ai eu moins de mal à la franchir.

La mort est une araignée patiente est un recueil de nouvelles effrayantes, écrites par un révérend américain du tournant du siècle passé, auteur oublié d'une ribambelle de textes de la période Weird Tales. Souvent tirées d'anecdotes entendues lors de ses séjours dans les îles des Petites Antilles, les sept histoires rassemblées ici mettent en scène un jeune homme confronté à des phénomènes étranges qui trouvent souvent leur explication dans la magie noire, les malédictions et autres ensorcellements locaux. De fait, c'est bien qu'il n'y ait pas cinquante histoires dans ce livre car, fonctionnant un peu toutes sur le même modèle (présentation d'une situation, effet d'annonce, quelques scènes inquiétantes et solution piochée dans le folklore insulaire), ça pourrait devenir répétitif.

Dans le registre cauchemardesque, l'œuvre de Whitehead se pose là. Le livre est angoissant, serait parfait à lire à voix basse près d'un feu crépitant et donne assez envie de laisser la lumière allumée pour la nuit. Mais il a un autre intérêt que celui de se faire peur. Si on fait abstraction de la certaine forme de racisme ordinaire, des quelques réflexions surprenantes sur ce qui est propre aux blancs, ce qui l'est aux noirs, on peut voir dans ce portrait des Antilles un passionnant glossaire des croyances qui en régissent la vie, l'incroyable peinture d'une existence révolue assez primitive et le cliché sépia granuleux d'une culture très forte.

Maintenant, si, comme le précise la postface, cet ouvrage a été placé sous le signe du vaudou, reste à espérer qu'aucun esprit malin ne viendra en importuner les lecteurs. Dans le doute, je vais peut-être dormir la lumière allumée cette nuit.

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